Il existe deux filières de gestion des déchets radioactifs hospitaliers. Les déchets dont la demi-vie est inférieure à six mois sont stockés sur place jusqu’à décroissance quasi complète de la radioactivité. En revanche, les déchets dont la demi-vie est supérieure à six mois sont pris en charge par l’ONDRAF.
Comme toute entreprise qui utilise des substances radioactives, les hôpitaux disposant d'un service de radiothérapie et/ou de médecine nucléaire produisent quotidiennement des déchets radioactifs.
De quels déchets s'agit-il ?
Tous les matériaux qui sont entrés en contact avec des radio-isotopes au cours d'un traitement ou d'un diagnostic peuvent être radioactifs. Ces déchets radioactifs sont très diversifiés : petits fils introduits dans le tissu cancéreux et remplis de substance radioactive, pots dans lesquels les liquides contaminés radioactivement ont été analysés, aiguilles ayant servi à injecter les radio-isotopes... Les appareils de mesure eux-mêmes et les liquides d'étalonnage contiennent également des substances radioactives et nécessitent une gestion adéquate.
En outre, lorsqu'un patient ingère une substance radioactive, il est lui-même légèrement radioactif pendant une courte période. Tous les déchets générés par les patients peuvent potentiellement devoir être traités et gérés comme des déchets radioactifs : vêtements, draps, serviettes hygiéniques, articles de toilette... Les consommables du personnel médical, comme les gants, les seringues et les aiguilles, sont également contaminés par la radioactivité.
Limiter la production à la source
La science médicale et les hôpitaux fournissent des efforts considérables pour limiter autant que possible l'utilisation de radio-isotopes. Ceci, autant pour protéger les patients que le personnel médical des risques liés aux rayonnements ionisants. Ainsi, les nouveaux développements en radiothérapie et en imagerie médicale permettent d'obtenir le même effet thérapeutique ou diagnostique avec des doses plus faibles de rayonnements ionisants.
Les hôpitaux disposent, par ailleurs, d'un système de stockage de décroissance, et bénéficient à cet égard de l’appui de l'ONDRAF et de l'AFCN (Agence fédérale de Contrôle nucléaire). L’activité des substances radioactives diminue, de manière naturelle, au fil du temps. Elle continue à diminuer jusqu'à ce que le descendant radioactif (ou produit de désintégration) soit stable, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il n'émette plus de rayonnement. Le temps nécessaire à la décroissance en un descendant stable non radioactif dépend de la demi-vie. La demi-vie peut aller d'une fraction de seconde à plusieurs millions d'années.
Les hôpitaux peuvent garder sur leur propre site les déchets dont la demi-vie est inférieure à six mois. À l’issue de la période de stockage de décroissance sur le site de l'hôpital et après contrôle par le physicien de l'hôpital, les déchets peuvent être évacués comme déchets non radioactifs. Ces déchets sont gérés à la source et ne se retrouvent donc pas dans la chaîne de gestion des déchets radioactifs de l'ONDRAF.
Une gestion intégrée
Les déchets dont la demi-vie est supérieure à six mois n’entrent pas en ligne de compte pour un stockage de décroissance sur le site de l’hôpital. Les hôpitaux sont légalement tenus de faire enlever et gérer ce type de déchets par l'ONDRAF. Les déchets enlevés sont gérés dans le cadre du système de gestion des déchets de l'ONDRAF.
L'ONDRAF collecte les déchets auprès des hôpitaux, les transporte vers des installations et des bâtiments spécialement équipés à cet effet et exploités par Belgoprocess, sa filiale industrielle. C’est là que les déchets sont traités et entreposés dans l’attente d’une destination définitive. Un système de suivi rigoureux garantit la traçabilité des déchets tout au long de la chaîne de gestion.
Le traitement
Le traitement lui-même dépendra du radio-isotope ainsi que des substances de l'objet. Les gants, lingettes et autres EPI (équipements de protection individuelle) et le plastique peuvent être découpés, incinérés et ensuite compressés. Mais les systèmes d'injection, les flacons, les pièces métalliques, et ainsi de suite, ne peuvent pas être incinérés, et seront donc uniquement compressés. Il en résulte alors des galettes qui sont ensuite cimentées dans des fûts de 400 litres. Ces fûts seront ensuite entreposés temporairement sur le site de Dessel dans l’attente d’une solution définitive pour leur stockage.
Quelques exemples de déchets enlevés par l’ONDRAF
En 2021, l'ONDRAF a collecté des sources de calibrage ainsi que des gants et du papier contaminés au H3 et C14 dans trois hôpitaux. L’ONDRAF a également enlevé une source radioactive (strontium-90) utilisée dans les dispositifs de brachythérapie.
En 2022, nous avons enlevé des bidons contenant du liquide H-3, des sources de calibrage, des gants et du papier contaminés au H3 et C14 ainsi que des fioles de déchets chimiques (acétate d'uranyle et nitrate d'uranyle) dans quatre hôpitaux. Il s’agit le plus souvent de flacons de 50 à 100 g ou de bidons de 200 ml contenant ces substances radioactives.