Les chantiers d’assainissement et de démantèlement nucléaire sont des projets en plusieurs étapes qui peuvent s’étaler sur plusieurs décennies. Six étapes clés ont jalonné le démantèlement de Best Medical Belgium
La société Best Medical Belgium (BMB), établie sur le site nucléaire de Fleurus en Wallonie, produisait des radio-isotopes utilisés pour le diagnostic et le traitement de certains cancers. Elle a fait faillite en 2012. L’ONDRAF a alors été chargé d’assainir et de démanteler les installations qui n’avaient pas fait l’objet d’une reprise, et est devenu exploitant du site. L’assainissement et le démantèlement d’installations nucléaires sont toujours un chantier complexe et de longue haleine qui se déroule en plusieurs phases. Dans le cas de BMB, les opérations ont démarré en 2012 et devraient s’achever en 2028. Retour sur six étapes clés.
L’état des lieux
Les installations de BMB comportaient plusieurs bâtiments dont quatre étaient destinés à la production de radio-isotopes, notamment grâce à deux cyclotrons : le cyclotron CGR et le cyclotron IBA. La salle blindée qui abritait le plus ancien des deux cyclotrons, à l’arrêt depuis 1992, avait servi de zone d’entreposage de déchets et matériaux en tous genres, dont des déchets radioactifs. La population et l’environnement ne couraient aucun danger mais il était nécessaire d’évacuer ces déchets et d’assainir le site.
La mise en sécurité
L’ONDRAF a constitué une équipe de spécialistes dont quelques membres du personnel de BMB qui connaissaient bien les installations. Avant que cette équipe ne puisse commencer les opérations d’assainissement, il a fallu contrôler la sécurité des bâtiments et des installations (détections incendie, systèmes de ventilation…) et mettre en place un programme de maintien en sécurité.
Le tri et l’évacuation des déchets
Après ces opérations de mise en sécurité, notre équipe a commencé à évacuer les déchets issus des productions historiques de BMB. Un travail de longue haleine, car il a d’abord fallu contrôler la contamination radioactive de ces déchets et ensuite les trier et les caractériser. Ce n’est qu’après que ces déchets ont pu être transportés vers les installations de traitement de Belgoprocess, la filiale industrielle de l’ONDRAF à Dessel.
2017 : démarrage de la phase d’assainissement
L’assainissement proprement dit a commencé en 2017. Lors de cette étape, nous avons travaillé scrupuleusement à séparer les équipements et objets contaminés de ceux qui ne l’étaient pas : chaises, tables, tuyaux, parois, murs… L’objectif était de réduire au minimum les quantités de déchets radioactifs et les coûts. D’où la nécessité de nettoyer, découper ou de démonter certains équipements.
Une innovation robotique
L’un des bâtiments assainis abritait une zone hautement contaminée au strontium-90, un isotope radioactif. Une partie des opérations d’assainissement de cette zone a été réalisée par des techniciens mais les cellules de production des radio-isotopes proprement dites étaient beaucoup trop contaminées, excluant toute intervention humaine. L’ONDRAF a donc fait concevoir un robot logé dans une boîte à gants modulaire aux dimensions très réduites qu’il a fallu accoster aux cellules. C’est ce robot qui a assaini avec succès les cellules contaminées.
Le bilan des opérations d’assainissement
Les opérations d’assainissement ont généré maintenant jusqu'à 582,9 tonnes de déchets dont quelque 10% doivent être traités et entreposés comme des déchets radioactifs par Belgoprocess. 53 % des déchets sont des métaux qui seront à terme acheminés vers des fonderies à l’étranger en vue de leur recyclage par fusion. Enfin, 37% des déchets sont des matériaux non radioactifs qui seront à terme évacués vers des décharges conventionnelles.
2020 : démarrage de la phase de démantèlement
Fin 2020, l’ONDRAF a entamé le démantèlement du premier des deux cyclotrons, tous deux radioactifs. Le plus gros défi est ici la découpe de la culasse du cyclotron CGR. Une pièce de près de 200 tonnes à découper en blocs manutentionnables qui seront expédiés vers des fonderies à l’étranger. Ce chantier de découpe s’achèvera en novembre.
Le démantèlement du cyclotron IBA a démarré début octobre 2022 et devrait s’achever en avril 2023.
Les parois en béton armé des salles blindées abritant les deux cyclotrons sont également radioactives. C’est pourquoi leur démantèlement (par découpe) a nécessité en tout premier lieu la construction d’une extension en acier hermétique au-dessus de la zone du cyclotron IBA. Cette extension permettra de maintenir la radioactivité confinée lors de la découpe et la manutention des blocs de béton.
Réhabilitation ou démolition ?
Début octobre 2022, deux bâtiments ont été dénucléarisés et restitués à l’Institut national des Radioéléments (IRE), propriétaire du site, en vue d’une nouvelle affectation. Le troisième est en passe de l’être. Le quatrième bâtiment sera par contre démoli car sa structure portante sera fragilisée au terme des opérations. Selon le planning actuel, nous serons alors en 2028.
La concertation avec les acteurs communaux et régionaux
L’ONDRAF collabore intensivement avec les administrations communales de Fleurus et de Farciennes, les communes voisines, pour informer les riverains sur l’état d’avancement du chantier. En tant qu’exploitant nucléaire, l’ONDRAF siège en effet au comité d’accompagnement des entreprises nucléaires de Fleurus-Farciennes. Les représentants des communes avoisinantes et de la province y sont également présents.