Antonio Almeida Albuquerque est ingénieur industriel en physique nucléaire. Il a rejoint l’équipe Agréments de l’ONDRAF en mai 2021 et est devenu notre « Mister measurement » : après avoir travaillé pour une entreprise qui conçoit et fabrique des instruments de détection et de mesure des rayonnements ionisants, Antonio analyse aujourd’hui les demandes d’agrément pour ces instruments et procède aux inspections sur place.
Dans cette interview, Antonio revient sur son parcours et son dernier dossier : le NIMS (Nieuw ISOCS meetsysteem – Nouveau système de mesure ISOCS) de notre filiale industrielle Belgoprocess.
Antonio, tu as fait ce qu’on peut appeler un virage professionnel à 180 degrés ?
Antonio : « En effet. J’ai démarré ma carrière dans la recherche appliquée, sur l’étude des effets ionisants sur les composants électroniques destinés à l'industrie spatiale. J’ai ensuite rejoint une entreprise privée qui conçoit et fabrique notamment des instruments de mesure de la radioactivité. J’ai donné des formations sur certains systèmes et j’en ai même installé quelques-uns sur les sites nucléaires en Belgique. Des sites que je connais aussi pour la plupart.
Et en 2021, j’ai fait un virage à 180 degrés : de fournisseur et installateur d’instruments de mesure, je suis devenu « inspecteur » ONDRAF pour les sites nucléaires produisant des déchets radioactifs. Vu ma connaissance des systèmes de métrologie nucléaire, et en particulier en spectrométrie gamma, je suis vite devenu « Mister measurement » au sein de l’équipe. La spectrométrie gamma est une technique de mesure de l’énergie des rayonnements gamma émis par des isotopes radioactifs (aussi appelés radionucléides). Ces mesures fournissent des informations sur le niveau de radioactivité de ces radionucléides et permettent de les identifier.
Mon job est passionnant à plus d’un titre : j’analyse les dossiers de producteurs différents, je fais des inspections sur leur site, je travaille avec plusieurs acteurs tant internes qu’externes, et surtout, ce rôle me permet d’insister davantage sur le respect des bonnes pratiques. »
Le NIMS est un nouvel instrument qui sera utilisé par Belgoprocess ?
Antonio : « Belgoprocess a demandé l’agrément de l’ONDRAF pour un nouveau détecteur ISOCS (In situ object counting system). Il s’agit d’un instrument de spectrométrie gamma mobile utilisé pour la caractérisation radiologique de déchets bien spécifiques, à savoir dans le cas présent, des fûts de 220 litres de déchets non conditionnés contenant des métaux, du PVC ou du béton.
Avant d’être entreposés et, à terme, stockés, tous les fûts de déchets radioactifs doivent en effet être caractérisés. Le NIMS permet à Belgoprocess de procéder à la première étape de cette caractérisation puisqu’il mesure la présence et la quantité de certains nucléides clés qui serviront de référence pour déterminer l'activité des nucléides difficiles à mesurer dans ces fûts. »
Tu viens de procéder à l’inspection de ce NIMS. Avec quel résultat ?
Antonio : « En amont, j’ai analysé le dossier technique complet rédigé par Belgoprocess et ensuite nous avons réalisé l’inspection sur place avec ma collègue Aurélie. Nous sommes toujours au minimum deux pour une inspection car il faut à la fois vérifier le respect des procédures par les opérateurs sur place et interroger le producteur de déchets, notamment sur son programme d’assurance qualité, les formations qu’il met en place pour les opérateurs, la documentation qu’il constitue. Tous ces éléments sont essentiels ; il ne s’agit pas « uniquement » de vérifier que le détecteur fonctionne correctement et répond à nos exigences.
Dans le cas du NIMS, l’inspection a été satisfaisante. Fin novembre, Belgoprocess recevra notre rapport et dans la foulée, la lettre d’agrément qui décrit le détecteur et le type de déchets non conditionnés pour lequel il sera utilisé. »
As-tu connaissance de cas où l’inspection était insatisfaisante ?
Antonio : « Il arrive que les conditions de l’agrément ne soient pas respectées par le producteur. Je pense notamment à une demande de renouvellement d’un agrément où nous avons in fine suspendu l’agrément. Le dossier technique correspondait à nos exigences mais lors de l’inspection sur place, nous nous sommes aperçu que le producteur n’avait pas respecté le programme d’assurance qualité. Nous lui avons imposé un plan d’actions. Au terme de ce plan d’actions, le producteur a réintroduit une demande de renouvellement de son agrément et nous avons procédé à une nouvelle inspection, satisfaisante cette fois-ci. Nous lui avons donc réattribué son agrément dans la foulée. »
Est-ce que des inspections de suivi régulières sont envisagées par l’équipe Agréments ?
Antonio : « L’ONDRAF vise toujours à améliorer ses processus et l’équipe Agréments n’y fait pas exception. Certains agréments sont délivrés pour cinq ans mais sur cette période, la situation sur le site du producteur peut avoir changé. Typiquement, je pense ici à un opérateur qui change de travail et qui n’a pas suffisamment formé la relève. Nous envisageons donc de plus en plus des inspections régulières de suivi après deux ans par exemple, en coopération avec nos collègues de l’équipe Acceptation des déchets. Nous serions ainsi toujours bien en phase avec la réalité du terrain. »