Lorsque des installations nucléaires deviennent obsolètes ou lorsque leur exploitant fait faillite, elles sont mises à l’arrêt. Il faut alors préserver l’homme et l’environnement des nuisances potentielles de ces installations désaffectées. Une tâche qui peut être confiée à l’ONDRAF qui devient alors exploitant nucléaire et procède à l’assainissement et au déclassement des installations. Michel Gaelens, chef de projet du site nucléaire exploité par l’ONDRAF à Fleurus, revient sur l’assainissement et le déclassement du bâtiment 7.
Quel est l’historique de ce bâtiment ?
Michel Gaelens : « La société Best Medical Belgium S.A., établie sur le site de Fleurus en Wallonie et active dans la production de radio-isotopes pour le secteur médical, a fait faillite en 2012. L’ONDRAF est depuis responsable de l’assainissement, du démantèlement et du déclassement des installations qui comportent plusieurs bâtiments, dont le bâtiment 7. Ce bâtiment abritait un laboratoire où se déroulaient les opérations garantissant la qualité des substances radioactives médicales. Les opérations d’assainissement ont démarré en 2017 et se sont achevées en août 2020. »
En quoi consistaient les travaux d’assainissement ?
« Le principe de base, c’est bien sûr séparer scrupuleusement les équipements contaminés de ceux qui ne le sont pas. Et notre objectif, c’est réduire au minimum les quantités de déchets radioactifs et les coûts. Toutes ces opérations se déroulent dans des conditions de sûreté et de sécurité optimales pour nos équipes, les sous-traitants, la population locale et l’environnement. Nous avons travaillé en trois phases :
1. Nous avons d’abord démonté une grande partie des équipements mobiliers en atelier pour ensuite les trier en trois filières : la filière conventionnelle pour les déchets non radioactifs, la filière « fusion » pour le recyclage des métaux et bien évidemment la filière gestion des déchets radioactifs à proprement parler. Pour les déchets radioactifs, nous avons fait appel à notre filiale industrielle Belgoprocess qui est chargée de les traiter et de les conditionner.
2. Nous avons ensuite démonté tous les équipements immobiliers : faux-plafonds, tuyauteries, murs légers, radiateurs, filtres, etc. avec le même traitement en atelier.
3. Lors de la dernière phase, nous avons procédé aux mesures des murs, plafonds, vitres, bref tout ce qui restait. En général, on combine des mesures en direct, par frottis et par échantillonnage, avec des instruments appropriés. Les mesures en direct et par frottis se font avec un contaminamètre. Les mesures par échantillons avec un appareil de type HPGe (High Purity Germanium). »
Quelles quantités de déchets ont été évacuées ?
« Au cours de l’année 2020, rien que pour le bâtiment 7, 21,6 tonnes de matériaux non radioactifs ont été évacuées vers des décharges conventionnelles et 4,4 tonnes de déchets radioactifs solides ont été enlevées et transférées vers Belgoprocess en vue de leur traitement et conditionnement. Il s’agissait de hottes, d’équipements de laboratoire et de protection individuelle des travailleurs ou encore de filtres d’extraction. Par ailleurs, 21,3 tonnes de métaux ont été acheminées vers des fonderies à l’étranger en vue de leur recyclage par fusion. »
Après l’assainissement, le déclassement. De quoi s’agit-il ?
« Le déclassement d’une installation permet d’aboutir à son retrait de la liste des installations classées comme nucléaires. Elle ne sera donc plus soumise à des contrôles réglementaires spécifiques. Cette étape nécessite la constitution d’un dossier de déclassement complexe qui reprend notamment les méthodes d’analyse utilisées et surtout les preuves que toutes les mesures et analyses sont conformes à la législation. »
« Le dossier de déclassement du bâtiment 7 a été constitué et transmis à Bel V en janvier 2021 pour examen et validation ultérieure par l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN). Bel V est la filiale de l’AFCN chargée de réaliser les contrôles réglementaires et les évaluations de sûreté dans les principales installations nucléaires belges. »
« Le déclassement d’une installation permet d’aboutir à son retrait de la liste des installations classées comme nucléaires. Elle ne sera donc plus soumise à des contrôles réglementaires spécifiques. »
Michel Gaelens, ONDRAF
L’ONDRAF n’exploite donc plus ce bâtiment ?
« C’est exact. Puisque le bâtiment 7 a été officiellement déclassé, il a été rétrocédé à l’Institut National des Radioéléments (IRE) de Fleurus qui en est le propriétaire. L’IRE va le réaménager pour ses propres activités dans le cadre de ses opérations. »
Mais l’ONDRAF poursuit ses opérations sur le site de Fleurus ?
« Oui, de nombreuses interventions sont planifiées jusqu’en 2028, dont le démantèlement des deux cyclotrons. Pour certaines interventions très risquées, nous utiliserons d’ailleurs des outils mis au point spécifiquement. Une innovation dans le domaine de l’assainissement. Les informations à ce sujet suivront en temps voulu. »